De l’autostop à la mort-aux-rats, en passant par le sens inverse et les habits de ville, depuis que Philippidès, un soldat athénien a inventé le marathon (c’était…

Marathon olympique, histoires insolites

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De l’autostop à la mort-aux-rats, en passant par le sens inverse et les habits de ville, depuis que Philippidès, un soldat athénien a inventé le marathon (c’était un mardi, et on t’explique toute la vérité sur cette soi-disant légende ici), et que Pierre de Coubertin a décidé de mettre cette bêtise au programme des Jeux Olympiques… cette épreuve a été jalonnée d’aventures rocambolesques (tu vas adorer 1904)…


Athènes 1896

Comme il se doit, le premier champion olympique de marathon, fut un grec, nommé Spiridon Louis, sûrement avantagé car il courait à domicile en 1896 lors des premiers jeux, à Athènes. Le troisième de la course, grec aussi, prénommé Spiridon aussi, fut lui aussi avantagé (puisqu’il fit une partie du trajet en voiture, sûrement avec un de ses cousins), avant d’être assez logiquement disqualifié (même s’il ne manque pas de mérite, car trouver une voiture en Grèce en 1896, ça devait pas être évident).


Paris 1900

Quatre ans plus tard, en 1900 à Paris (4 parcours urbirun), c’est un français qui remporte la course. Enfin, disons plutôt un habitant de Paris, puisque Michel Théato n’était pas français, mais luxembourgeois, inscrit comme français puisque résident en France… Et hop, voilà comment, quand les jeux sont chez soi, on parvient à glaner quelques places dans le tableau des médailles. Et à ce jour, le Luxembourg n’a aucun marathon olympique à son palmarès.


Saint-Louis 1904

Les jeux se déroulent pour la première fois hors d’Europe, à Saint-Louis (USA). Et encore une fois, c’est le local de l’étape qui pénètre en premier dans le stade : Fred Lorz, un américain. Epuisé par la chaleur accablante (32°) et les collines jalonnant le parcours, il trouve un cousin (probablement) qui lui permet de faire 17km bien peinard en voiture. Arrivé premier, mais ayant été aperçu dans le véhicule, il avouera et sera disqualifié. Ce qui offre la victoire sur tapis vert à son compatriote Thomas Hicks, qui tient le coup grâce à des injections de strychnine (oui, de la mort au rat) mélangée à du blanc d’oeuf et du brandy (qui lui sont faites pendant l’épreuve), et au cognac que lui file son entraîneur, pour le motiver (aujourd’hui on dirait “doper”), sûrement parce qu’aucun de ses cousins n’avait le permis… 


Si Lorz reconnaît avoir pris une voiture, il dira que c’était pour “faire une blagues aux autres concurrents”. Son humour particulier ne lui évitera pas d’être banni à vie de toute compétition sportive… pendant 1 an, puisqu’il gagnera l’année suivante le Marathon de Boston (parcours urbirun Boston), après avoir promis de ne plus tricher (ni faire de l’humour).

Quant à Hicks, le ravitaillement expérimental de son entraîneur lui provoqua des hallucinations et des séquelles à vie…

Si on ajoute à cette épreuve les 2 sud-africains qui étaient là par hasard, venus pour l’exposition universelle, le facteur cubain venu en habits de ville (chemise, pantalon long, chaussures) qui fit une indigestion de pommes (car fauché il n’avait plus mangé depuis plusieurs jours), le marathon olympique de Saint-Louis fut un des plus fous de l’histoire. Et à ce propos je te conseille la BD de Munuera et Toussaint “La Course du Siècle” aux éditions Le Lombard (lien).
https://www.lelombard.com/bd/la-course-du-siecle/la-course-du-siecle


Londres 1908

Quatre ans plus tard (1908) à Londres, l’italien Dorando Pietri atteint le stade d’arrivée en premier, totalement épuisé et désorienté, si bien qu’il part dans le faux sens. Remis dans le droit chemin par des officiels, il s’effondre. Relevé par deux hommes qui l’aideront à tituber jusqu’au fil d’arrivée, il sera finalement disqualifié (ce qui n’est pas cool, c’est quasiment le premier concurrent qui n’a pas fait d’auto-stop).
A noter que cette année-là, pour plaire au roi Edouard VII, le départ fut donné à l’intérieur du Palais (afin que sa majesté n’ait pas à se lever de son trône), et la ligne d’arrivée fut placée pile en face de la loge royale. Ces deux petits ajustement modifièrent la longueur du tracé de 195m… et ce trajet est devenu la distance officielle du marathon : 42.195km… Donc 1. sans le rallongement du parcours le pâtissier italien Pietri aurait gagné la course avant sa défaillance, et 2. la prochaine fois que tu en chies sur les 200 derniers mètres, tu penseras à Edouard VII bien peinard assis sur son trône…


Stockholm 1912

1912, JO de Stockholm (urbirun Stockolm) : le coureur japonais, épuisé, passe devant une maison où des gens se délectent d’un jus de fruit bien frais. Il s’en voit offrir un peu (ça fait du bien après 30km), et il s’allonge un moment sur un canapé pour récupérer un peu. Mais il s’endort… A son réveil, il rentre simplement chez lui, sans rien dire à personne, et ne franchira jamais la ligne d’arrivée… enfin si, en 1967, à 75 ans, lorsqu’il est retourné sur place, et a terminé la course… Il devait vraiment y tenir à son t-shirt de finisher


Berlin 1936

Lors des Jeux suivants, les marathons se déroulèrent dans des conditions plus ou moins correctes, jusqu’en 1936 à Berlin (2 parcours urbirun), où un coréen (et pas un aryen) l’a emporté, mais comme son pays venait d’être envahi par le Japon, le pauvre Sohn Kee-chung figure au palmarès sous le nom de Son Kitei, son nom « japonais », et baissa la tête en refusant de regarder le drapeau de l’envahisseur qu’on hissait en son honneur pendant l’hymne qui n’était pas le sien… Il connut plus tard l’honneur d’allumer la vasque olympique lors des Jeux de Séoul en 1988, mais ni son nom ni sa nationalité n’ont été changés dans les tabelles du CIO.


Londres 1948

Lors des premiers Jeux d’après-guerre, à Londre en 1948 (5 parcours urbirun), le belge Etienne Gailly entre sur le stade, et est sur le point de l’emporter… lorsqu’il s’effondre, et qu’un argentin puis un britannique le dépassent, ne lui laissant que la médaille de bronze quand il parvient enfin à franchir la ligne.


Rome 1960 et Tokyo 1964

A Rome (2 parcours urbirun) en 1960, Abebe Bikila va courir le marathon pieds nus, et l’emporter, devenant le premier athlète africain champion olympique. Quatre ans plus tard, à Tokyo 1964, Bikila court avec des chaussures, et l’emporte aussi, même s’il aurait pu être disqualifié pour “professionalisme”, puisqu’il avait été rémunéré pour porter des baskets (ASICS, mais chut – et ici on te raconte l’histoire des grandes marques de running shoes : c’est par là).


Munich 1972

A Munich (urbirun Munich) en 1972, le premier “photo bomber” des JO, un stupide gamin de 16 ans, entre en premier sur le stade sous des ovations incroyables d’un public qui le croit premier, et vole le triomphe promis au vrai vainqueur l’américain Frank Shorter qui pénètre dans le stade presque dans l’indifférence des spectateurs émoussés.


Los Angeles 1984

Et les femmes? Eh bien c’est seulement en 1984 à Los Angeles (urbirun Los Angeles), que les femmes sont pour la première fois admises à courir le marathon olympique. L’américaine Joan Benoit l’emporte, mais le final plus que titubant et dramatique de la coureuse suisse Gabriela Andersen-Schiess donnera du grain à moudre aux détracteurs des femmes confirmant leur croyance que celles-ci sont bien trop faibles pour une telle épreuve… mais ces pauvres machos ont sûrement oublié qu’on ne plaisante jamais avec qui que ce soit capable de finir un marathon, non?


Athènes 2004

Les Jeux sont de retour à Athènes en 2004, mais l’arrivée est faussée par un abruti (je sais pas comment on dit connard en grec) qui agresse le coureur de tête, le brésilien Vanderlei de Lima. Celui-ci parviendra malgré tout à repartir, mais complètement déstabilisé, il sera dépassé par deux autres coureurs et devra se contenter de la médaille de bronze. Ces circonstances ont permis à l’italien Baldini de l’emporter, et ce fut le dernier vainqueur européen d’un marathon olympique.

Depuis, tous les marathons ont été remportés par des coureurs de pays africains, les deux derniers par le légendaire Eliud Kipchoge…


Paris 2024

Qui va l’emporter à Paris, lors du tout premier marathon olympique “pour tous”?… sûrement un concurrent “officiel” puisque les courageux amateurs démarreront eux plusieurs heures plus tard, ce qui n’est pas très fair-play non?…

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