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Juste 4 épingles à nourrice

C’est la première fois. Tu ne te sens pas vrai­ment à ta place. Mal à l’aise. Anxieux. Mais qu’est ce qui t’a pris de t’ins­crire ? Tu as peur.

Peur de ne pas en être digne. Tout simple­ment. Peur de ne pas savoir. Peur de manquer de respect à un quel­conque rite, à un usage.

Tu es gêné que l’on te voie. Malgré l’ano­ny­mat de la masse colo­rée. Tout le monde sait. Tu en es persuadé. Tout le monde sait que tu es un bleu. Tu te sens ridi­cule. Surtout qu’en plus, tu n’as pas été foutu de l’épin­gler droit. Ce n’est pas ta place. Tu n’as jamais fait tes preuves. Tu suis le mouve­ment. Tu entends des rires, des histoires d’an­ciens combat­tants. Tu n’es pas digne d’être là. Et pour­tant, timi­de­ment, tu t’ins­talles dans le pelo­ton. Plutôt vers l’ar­rière. Tu ne voudrais pas déran­ger. 5 minutes. 30 secondes. 10 secondes. C’est parti…

Tu avances. Tu te retrouves. Tu recon­nais la sensa­tion. Le rythme. Les pas. Leur choré­gra­phie. La musique  de ton souffle. Tu l’as oublié ton dossard. Tout son poids s’est envolé dans ta foulée. De temps en temps, un anonyme te le rappelle. On applau­dit ton prénom. On te sourit. Tu souris. Tu n’es plus gêné. Tu es là. C’est tout. Tu cours, tu souffles. Tu sais la souf­france. Tu sais le plai­sir. Tu sais. Et tu apprends. Tu apprends la ligne d’ar­ri­vée qui arrive trop vite. Alors que peu avant tu la maudis­sais d’être si loin.

L’ar­ri­vée. Le début.

C’est quand le prochain dossard ?

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