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Inscrivez-vous à newsletter urbirunDécouvre pourquoi j’ai appris à démonter un vélo pour le mettre dans une valise, à maîtriser (un peu) ma phobie des serpents, et le nom du « canyon sans nom », après avoir été titillé par mon ami Christophe et l’itinéraire The SoCal Desert Ramble Southern California sur Bikepacking.com
Etape 1 – De San Diego à Alpine, et déjà un serpent…
Mauvaise nuit, pas la grosse forme, ni la grosse motive pour le départ. On installe les paquetages sur les vélos, et la motivation vient quand je me retrouve sur la plage, l’océan dans mon dos, sous les palmiers et le soleil. Vers 9h45 on se met en route.
Cap au sud le long des magnifiques Sunset Cliffs et de l’Océan Pacifique, puis direction est vers le centre de San Diego, après un bref arrêt pour louer un téléphone satellite pour la semaine ($140).
On longe ensuite le port de plaisance, une partie de la base navale, et la baie. Il y a de très vieux bateaux, ainsi que le porte-avion USS Midway (devenu musée), et la fameuse statue du baiser inspiré de la photo prise à Times Square à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Les 10 km suivants sont assez pénibles, sur une mauvaise route, passante et bruyante, le long du port, de la base navale, et de nombreux chantiers navals tout aussi bruyants.
Au kilomètre 22 on prend direction est, le long d’un canal. C’est enfin plus calme, sauf sous les ponts d’autoroute. Puis voilà les premiers sentiers, agréables et variés, comme un avant-goût de tout ce qu’on va rencontrer entre caillou, sable, forêt, petit gravier.
Puis vient la première montée, bien drue, et dans la chaleur, le long de Sweetwater Réservoir. Pause au sommet pour un bref ravito, avant de descendre sur un single assez technique, et bien creusé par endroits.
On s’engage ensuite le long d’un vallon qui a l’air bien sympathique, mais au kilomètre 40 quelqu’un nous averti : “attention il y a deux gros serpents à sonnette un peu plus loin”. Je n’en mène pas large, mais on ne les verra pas.
Au kilomètre 50 la fatigue se fait sentir, lorsqu’on rejoint une route assez passante, pour 15 km de goudron. Nous sommes rejoints par un cycliste américain, très, très bavard, et on se réjouit de pouvoir se ravitailler à la prochaine station-service où nous profitons d’une grosse pause bienvenue.
Puis c’est une montée raide après le Sicuyan Casino. Kilomètre 67 : premier serpent à sonnette sur la route en gravier. Assez petit, environ 35cm, sonnette dressée, il n’a pas du tout peur de nous, alors que Christophe est à pied, et fait donc vibrer le sol.
Après 4 km de montée exigeante à plus de 10% de moyenne, mauvaise surprise : grosse clôture et barrière. On hésite longeuement, puis on décide de la franchir. Plus assez d’'énergie pour faire un gros détour. Nous aurons ensuite encore deux petites montées sur du goudron pour arriver à Alpine, enfin.
Nous sommes bien cassés, il a fait beaucoup plus chaud que prévu, on n’a sûrement pas fait assez de pauses, ni de repas. Ça ira mieux demain. Souper dans un restaurant mexicain tout près de l’hôtel.
E1 : San Diego – Alpine : 80,1km / +1’211m
Etape 2 : de Alpine à Stage Coach Trail… Dur dur…
Départ à 8h05, et pas le temps de s’échauffer, ça monte direct.
Km 8, arrêt pour réparer le câble de dérailleur de Christophe.
Km 11, un chien m’agresse je sais pas pourquoi, dans le petit hameau indien de Viejas, sur une route goudronnée. Je suis mordu à la cheville assez fort mais par chance juste sur la maléole, c’est donc superficiel, il n’a rien arraché à part un peu de la peau. On fait un stop désinfection et pansement, quelques centaines de mètres plus loin, car ça saigne bien.
Puis on entame la montée sur une route de joli gravier, qu’apparemment on n’est pas les seuls à apprécier :
- Kilomètre 12, un serpent à sonnette nous regarde passer.
- Kilomètre 17 un autre serpent à sonnette nous encourage (et voir autant de bestioles du genre en si peu de temps commence à me casser les c…).
On continue sur cette longue montée de gravier agréable jusqu’au km 20. Après une brève descente, dernière possibilité de se ravitailler, au Perkins Store (c’est la seule possibilité de la journée). Longue pause pour une nouvelle désinfection de ma plaie (avec l’alcool à 70° trouvé au magasin), et faire un bon pansement.
Ensuite c’est une longue montée dans de jolis paysages de western, ondulants et techniques. A l’entrée de Cuyamaca Rancho State Park, je remarque que j’ai perdu deux gourdes pleines… Et il n’y a pas moyen de refaire le plein aujourd’hui, et il nous reste 55 km. Ça ne va pas être facile, car en plus il fait très chaud.
Nous attaquons une longue montée de 15 km, et on pique-nique à l’approche du sommet (sans avoir vu de pumas (mountain lion), contre lesquels un panneau nous explique le comportement à adopter en cas de rencontre). Christophe est très fatigué, et souffre beaucoup de la chaleur…
Après une petite pause ravito, nous profitons d’un long secteur de singles à travers un magnifique haut plateau, entre herbe et arbres épineux. Très sympa, mais les singles que nous empruntons ensuite pour redescendre sont très techniques, il faut rester bien concentré.
Je commence à me rationner en eau, suite à la perte de mes gourdes. Mais par chance on croise un ruisseau, qui a l’air parfait. On tente le coup? ok, on y boit, et on remplit nos gourdes à fond. C’est parfait, et ça sauve sûrement la suite de la journée.
Vient alors la montée jusque vers le Champain Pass, qui est très difficile. On a beaucoup marché, car le sentier n’est vraiment pas praticable pour des vélos. On croise le serpent numéro 3, caché sous un caillou. Après le Champain Pass, nous sommes très très heureux de retrouver du goudron pour quelques kilomètres de répit, après presque 50 km de terrain.
Puis c’est enfin un peu de descente sur le Pacific Coast Trail (célèbre sentier de randonnée) pendant 6 km. C’est un single plutôt technique aussi, à travers des broussailles qui grattent bien les mollets et les bras.
Ce sentier nous mène au sommet d’une très longue descente (15km) sur une route défoncée, où nous croisons le 4e serpent de la journée, que je vois trop tard, et sur lequel je roule. C’est clairement le plus gros de ceux que nous avons rencontré (sûrement un peu plus de 1m).
Enfin nous rejoignons la route goudronnée pour les 10 derniers kilomètres, et l’arrivée juste avant la nuit au “camping” Stage Coach Trail.
Le code qu’ils nous ont laissé pour ouvrir la petite cabane ne fonctionne pas… La nuit est tombée, on cherche partout quelqu’un, car il n’y a pas de réseau, impossible de trouver un No de téléphone qu’on pourrait appeler avec notre téléphone satellite. Christophe trouve le patron plus loin dans une caravane, et il confesse s’être trompé de code dans les indications qu’il nous a données… On entre enfin dans la petite cabane cylindrique qui ne contient que deux matelas, sur des lits en planches. On n’a plus la force de se doucher.
Je me force à manger quelque chose, et je refais le pansement, avant d’essayer de trouver le sommeil après cette journée très éprouvante.
E2 : Alpine – Stage Coach Trail : 88,2 km / +2’142 m (11h13 entre notre départ et notre arrivée, besoin de repos).
Etape 3 – De Stage Coach Trail à Borrego Springs… Chaud chaud chaud…
On fait le plein d’eau avant le départ, avant de rouler13 km jusqu’au seul ravito de la journée (Butterfield RV park), qui est censé ouvrir à 8h du matin. Mais lorsqu’on y arrive c’est fermé. C’est un hameau de mobilhomes, mais y a pas grand monde. On finit par avoir une vague information que cela devrait (pas sûr) ouvrir vers 9h. Nous voilà forcés d’attendre 1h, car c’est le seul ravito possible, et ce sera indispensable vu la journée qui nous attend.
Vu le temps perdu, on décide de faire du stop pour les 35 km de route goudronnée jusqu’au Canyon Sin Nombre (le canyon “sans nom” (ce qui en est déjà un selon moi, mais bon…) Après négociations, Tom et ses 6 dents restantes acceptent de nous emmener, mais contre 2 billets de 20$…
A 10h30 nous atteignons le point d’entrée dans le Canyon Sin Nombre.
C’est juste magnifique. Ça serpente à plat, entre des falaises ocre et beige. Le sable n’est pas trop mou, et on avance bien pendant 10 km. Puis Christophe commence à souffrir vraiment de la chaleur (37°C). On ralentit beaucoup, il n’a pas l’énergie nécessaire pour mettre la puissance qu’il faut dans le sable et ce terrain qui devient moins ferme, moins uniforme, et très exigeant. On fait beaucoup de pauses, il marche souvent, mais je ne vais pas beaucoup plus vite sur le vélo, vu le terrain, et je dois souvent descendre du vélo pour pouvoir avancer (ce qui est aussi très énergivore).
On dîne d’une boîte de truc genre corned beef (y avait pas presque rien dans le magasin), à l’ombre rare d’un bout de falaise, assis dans le sable.
Puis ça va mieux, mais pas longtemps. Christophe profite d’une jeep qui passe, et le voyant en difficulté, ils acceptent de faire demi-tour et de l’emmener.
On décide que je peux continuer seul, et j’ai envie de continuer, même si c’est vraiment difficile. A priori, il ne me reste que 10 km dans ce canyon, je me sens bien, et je prends le téléphone satellite.
Je sors peu à peu du canyon et de ses falaises pour me retrouver sur une vaste plaine très sablonneuse, parsemée de petits buissons, avant de descendre une pente bien raide et ensablée (à pied) pour aller serpenter dans un nouveau canyon.
Le terrain devient plus difficile. Je n’en vois pas la fin, il fait terriblement chaud. J’ai assez d’eau mais elle est bouillante. Je me force toutefois à boire quand même… C’est interminable, et je constate qu’il y a en fait plus de 20 km que je pédale seul, sans encore être sorti de ce canyon.
J’arrive enfin à la route, avec un grand soulagement, et dont le goudron très grossier me paraît du velours. Mais je suis épuisé après ces 37 km particulièrement éprouvants, bien que presque plats, dans ce canyon…
Je n’avance plus, suis vidé, malgré cette route équivalent à du velours après la traversée que je viens de faire. J’arrête le seul camion qui passe, pour quémander un peu d’eau fraîche. Quel bien ça fait.
Puis épuisé, j’arrête le 2ème véhicule qui par chance passe, et je demande de m’emmener 5–6km plus loin, jusqu’au petit shop où m’attend Christophe, rassuré de me voir enfin arriver…
Mais il nous reste encore 30 km de route, avec du vent de face. Nous sommes tous les 2 complètement à plat.
On renonce, et nous allons au bar en face, l’Iron Door (c’est ici et y a rien alentour) qui est minuscule, perdu de chez perdu, qui accueille 2 tables de billards, et un gars qui mange une pizza au bar. Il est tapissé de billets de 1 dollar dédicacés, on ne manque pas de laisser le notre… Et on demande de l’aide car il n’y a pas un véhicule qui passe sur la route. La patronne appelle une amie, qui vient nous chercher, et nous emmène jusqu’à Borrego Springs. Quel soulagement. On ne serait sûrement jamais arrivés, vu l’épuisement et le vent.
Après ces 2 très dures journées, la douche est vraiment bienvenue. Je suis mort. Je n’ai pourtant pédalé que 58 km, mais 37 dans le sable et la chaleur du canyon. J’ai l’impression d’avoir fait 200km… Avons-nous été trop gourmands? Faut-il revoir nos plans ? Mais au moins, zéro serpent aperçu aujourd’hui.
E3 : Stage Coach Trail – Borrego Springs: 58,2 km / +302m (et pourtant au bout du roul’…).

Etape 4 – De Borrego Springs à Westmorland… On dit pouce…
Départ à 8h35 après un petit déjeuner copieux et délicieux à Borrego Springs, avec supplément de 50c pour chaque oeuf, en raison de la pénurie de poules qui frappe le pays. Ça renchérit pas mal les omelettes…
A la sortie du village, de grandes statues métalliques, couleur rouille, sont plantées dans le désert : éléphants, dromadaires, scorpions, sauterelles, et même une incongrue scène de vendanges. Tout ça éparpillé dans le sable. C’est très étonnant.
On met cap à l’est, au pied de montagne rases, sur notre gauche, et à droite le désert d’Anza Borrego. La route est vide, on se met en mode road-trip, ligne droite, sous un ciel bleu immense, avec quelques nuages pour souligner l’infini, pendant 30 km qui passent étonnamment bien au milieu d’un espace si vaste qu’on a vraiment de la peine à l’appréhender. C’est bizarre, on avance, mais le paysage de change pas, on avance, ou pas, et pourtant ça passe. Et c’est tout simplement magnifique.
Au kilomètres 30, entrée dans le Arroyo Salado Canyon, un lit de rivière asséché.
Ce n’est pas vraiment une route, ni un chemin, mais un cours d’eau sec, qui serpente entre de nombreuses variétés de roches, de couleurs, de terrains.
C’est légèrement descendant, c’est très très sympa à pédaler, et surtout sublime.
Lunaire par endroits, terre rouge, grise, beige, sable. Un vrai plaisir de se faufiler dans ces petits canyons, ces plaines, et entre ces petites falaises qui surgissent de temps en temps. A chaque arrêt, le silence est absolu. Il fait moins chaud, et c’est beaucoup moins éprouvant que le Canyon Sin Nombre, même si après 2h50 sur ce terrain (pour 21 km), on commence à être bien fatigués.
Du coup, on est contents de retrouver le goudron, 4 km à l’ouest de Salton City.
On dîne dans un petit bouiboui mexicain, dans cette minuscule ville traversée par une autoroute où défilent voitures et camions sans discontinuer. On se rend compte que faire 50 km sur cette route-là ne va pas être très agréable, ni intéressant, et surtout pas sécurisant.
On décide donc de faire du stop à la station-service. On demande de l’aide à tous les pick-up pendant plus de 1h20, puis Guillermo et son fils, qui partent camper dans le désert avec leur buggy en remorque, acceptent de nous embarquer. Non sans nous avoir averti qu’il fumaient de la weed et demandé si cela nous dérange pas (c’est légal en Californie disent-ils, et surtout on en a marre de mendier de l’aide).
On se serre donc au max sur le seul siège dispo, et en 35 minutes nous voilà à Westmorland. Ravi de ne pas avoir pédalé le long de cette route au fort trafic que l’on vient d’emprunter, pas du tout intéressante, et surtout pas du tout sécurisante, vu les camions et la circulation dense.
On profite d’un peu de repos, et on constate que demain on part pour 140 km avec vent de face, sans intérêt particulier, si ce n’est le passage à Slab City.
Du coup changement de plan : on se dit qu’on va aller jusqu’à Slab City, à 40 km pour quand même découvrir cet endroit, et on cherche quelqu’un qui nous mènerait de Niland (à proximité de Slab City) jusqu’à Indio. On passe la soirée à demander un peu à tout le monde (donc pas grand monde dans ce bled perdu), s’ils sont dispo ou connaissent quelqu’un de dispo pour un peu de extra-money demain en fin de matinée. Quelques-uns disent qu’ils vont voir, et prennent notre numéro de téléphone, mais on n’y croit pas trop (et on se rend compte plus tard qu’ils n’ont probablement pas un forfait leur permettant d’appeler des Nos européens)…
E4 : Borrego Springs – Westmorland : 54 km + 253 m, dont 21km dans le Arroyo Salado Canyon, pour finir sous le niveau de la mer…
Etape 5 : De Westmorland à Indio…Trop venteuse transition
J’ouvre les yeux à 7h10, soit bien après le réveil initialement prévu à 6h pour la grosse journée qui nous attend. Ça commence bien…
Dehors le vent est fort. Après le petit déj, on essaie à nouveau de négocier un transport de Niland à Indio, et on se dit que si on trouve personne, on reviendra à la grande station dans l’après-midi (ce qui nous ferait un aller-retour de 80km), comme ça on aura quand même visité Slab City. On trouve un vague plan avec un vieux latino qui va au Mexique ce matin, juste à 20 km d’ici, et qui remonte ensuite à Indio, et nous prendrait à Niland en début d’aprèm.
Du coup, on se met en route vers 8h30. Très vite (enfin non, plutôt très lentement…) on sent que le vent va être un gros gros souci sur ces longues lignes droites à travers les champs. C’est très dur, et pas intéressant du tout. Au kilomètre 11, Christophe constate qu’il a oublié le téléphone satellite à l’hôtel.
On n’a donc pas le choix de faire demi-tour. Ça continue bien…
Mais au moins le retour est plus facile avec le vent dans le dos. On constate néanmoins que nos plans (40km aller et transport hypothétique, voire éventuellement 40km retour) ne vont pas tenir la route niveau timing. On est contraints de malheureusement renoncer à l’étrange Slab City, et on se rend à la grande station-service Love’s pour chercher un chauffeur, direction Nord peu importe jusqu’où.
Et là par chance, le premier à qui je demande est ok. Je fonce chercher Christophe qui lui aussi vient de trouver quelqu’un. Ca marche décidément mieux aujourd’hui.
Nous partons dans le truc de Potta-potti (ToiToi) Bob. Très sympa, il nous parle des cultures environantes, notamment des dates, du lac de Salton Sea, qui en fait était un bout de mer, et dont on voit encore l’ancien rivage, et qui a disparu en s’asséchant suite à un tremblement de terre, qui a bloqué la mer. Nous passons aussi devant de grandes plantations de marijuana sous serre, et sous bonne garde.
Bob nous mène directement jusqu’à Indio, à une heure de route au nord, par moment à travers de petites tempêtes de sable. “Tu pédales à travers ça tu n’as plus de peau ce soir” rigole-t-il. Et nous on est bien soulagés de l’avoir trouvé.
A midi nous voilà donc à Indio, près de Coachella. Ville beige et plate. Déserte. Seul le trafic automobile donne un semblant de vie au lieu. Dîner mexicain au Herta’s restaurant, et installation Royal Plaza Inn, pour une après-midi de repos bienvenue.
On voit aussi que sur les 20 premiers km de l’étape de demain, il y aura plus de 40 km/h de vent de face, soit le double d’aujourd’hui, et en légère montée. On se met donc à nouveau à la recherche d’un véhicule pour ces 20 premiers kilomètres, car c’est une grosse étape, qui n’aura pas d’autre échappatoire. On fait un deal avec un Mexicain qui passe devant l’hôtel qui nous promet à 100 % qui sera là demain matin à 7h. On devient les rois de la négo. Croisons les doigts.
E5 : Westmorland – Indio : seulement 24 km, soit un aller-retour dans le vent.
Etape 6 : de Indio à Yucca Valley, à travers Joshua Tree National Park
Soulagement et plaisir de voir Miguelito et son pick-up devant l’hôtel, après notre petit déj au Denny’s. Il va nous épargner probablement 1h30 à 2h pour ces 18km de faux plat montant dans le vent, sur un tronçon pas intéressant du tout, et une grosse débauche d’énergie peu utile.
Il nous dépose donc frais et dispos, à l’entrée du Berdoo Canyon vers 7h30. A 50m de là, des gars parqués au bord de la route tirent au pistolet sur des trucs abandonnés, et des cibles en métal. Tout ça ressemble plus à une petite décharge qu’à un stand de tir, mais il y a en tout cas 2 groupes de tireurs. Un ranger/policier passe, cela lui semble tout à fait normal, alors du coup, à nous aussi… Flinguer des frigos et des lave-linge en pleine nature le samedi matin, pourquoi pas hein…
Pour éviter de prendre une balle perdue, on attaque direct la montée de ce canyon : 15km et 1000m de dénivelé au programme. La pente n’est pas trop difficile, mais le terrain est varié et exigeant : gravier, gros sable, caillous, petit sable, rochers… Atmosphère très minérale, dans l’ombre des parois du canyon.
Peu à peu, le soleil atteint le fond, et nous approchons du sommet.
Le paysage s’ouvre alors sur une grande plaine de sable, parsemée de petits arbustes encore gris, et de ces fameux Joshua Trees, aux branches écartelées, avec au bout comme un pompon de palme. On dirait de grandes pom-pom girls hystériques et dégingandées.
Après quelques kilomètres de plat sur ce haut plateau (alt. 1300 mètres), le chemin s’incline légèrement, et nous profitons d’une magnifique descente sablonneuse, tout en douceur veloutée. La sensation et le décor sont magiques. Espace immense, ciel bleu, Joshua Trees à l’infini, et sable à perte de vue, c’est sublime.
Après avoir traversé la plaine, on s’attaque à une nouvelle montée sur une large route de sable. Les Joshua Trees ont été rejoints par de gros blocs de roche beige clair, aux formes arrondies, regroupés en gros tas. A se demander comment ils sont arrivés là. On rejoint brièvement la route goudronnée qui traverse le Joshua Tree National Park, avant de reprendre une route de sable en mode tôle ondulée, jusqu’au lieu-dit Big Horn Pass, où on se pose pour pique-niquer, à l’abri du vent.
Un peu plus loin, près de Intersection Rock, on rejoint la route goudronnée, direction Joshua Tree Village, 25 km plus loin. Il y a du vent de face, et pas mal de circulation en ce samedi, mais le décor permet de faire la part des choses, et d’apprécier le moment à sa juste valeur.
On arrive à Joshua Tree Village vers 15h, et on tombe direct sur un saloon très sympa, avec terrasse et musique. Obligés de nous arrêter boire une ici. Et la pause est autant méritée que bienvenue.
Après la bière, il nous reste 12 km pas très intéressants sur une ligne droite ondulante, et face au vent. Je suis fatigué, j’ai de la peine, et je serre les dents jusqu’à Yucca Valley, à un peu plus de 1000 m d’altitude.
Ce fut néanmoins une très belle journée de vélo, dans des conditions parfaites et un décor fantastique. Apéro en chambre pendant les douches, puis souper au resto d’à côté, avant de rapides commissions pour la journée du lendemain.
E6 : Indio – Yucca Valley 77.4 km / +1’636 m, et on est passés de altitude moins –60m à plus +1300m…
Etape 7 : De Yucca Valley à Big Bear Lake… bienvenue à la montagne
Départ vers 7h30. Le profil promet 45 km de montée initiale (sur les 65km au programme). On commence par du goudron, ça monte doucement, sauf quelques très courtes montées bien sèches.
Après environ 10 km, nous voilà à Pioneertown, un village western destiné au tournage de films, totalement calme en ce dimanche matin. Pas de duel au pistolet à l’horizon et le saloon est heureusement fermé.
On continue sur de magnifiques lignes droites ensoleillées, sous un ciel immense, totalement seuls, jusqu’au petit hameau de Rimrock, et ses drapeaux trumpistes.
Au kilomètre 17, on entre dans le Burns canyon. Fini le goudron et la petite pente sympathique. C’est sablonneux, et ça commence à monter très sérieusement par endroits. Deux raisons qui nous forcent parfois à marcher et pousser, mais au moins ça soulage les cuisses, et les fesses. Et ça va pas beaucoup moins vite…
Après un secteur plutôt minéral, nous revoilà sur ces plateaux sablonneux parsemés de Joshua Trees, ici plus touffus et plus verts, sûrement parce qu’on est plus haut.
On atteint une zone plane qui ressemble à un pâturage de hautes herbes grises, ou à un marécage. Ce plateau marque clairement un changement d’environnement : on commence à se sentir en montagne. C’est plus rocheux, la végétation est plus forestière, on commence à voir de grands pins, et il semble plus probable de croiser un ours qu’un serpent à sonnette.
On passe les 2000 mètres, puis 2177, après 45 km, avant d’entamer enfin un peu de descente. Je suis ravi d’arriver au sommet, car j’ai pas mal souffert dans les deux trois derniers kilomètres, petite fringale.
Du sommet, on aperçoit en contrebas le hameau de Baldwin Lake, et un petit lac gris, cerné d’herbe tout aussi grise, et de montagnes 4 à 500 m plus élevées, et enneigées.
On s’installe derrière un talus au bord de la route pour pique-niquer à l’abri du vent. Le dur est derrière. Il nous reste 14 km de route jusqu’à Big Bear Lake, à 2080 m.
La route est entourée de grands pins, au pied desquels on voit d’innombrables pives géantes, certaines pas loin de faire la taille d’une tête. Il y a des maisons de bois sombre, un site de tobogganing, des pélicans blancs sur le lac, et pas mal de circulation. Mais c’est sympa.
On s’installe au Vintage Lakeside Inn, avant d’aller nous récompenser à la bonne brasserie locale, Big Bear Brewery, conscients que le dur est fait, et que l’aventure touche gentiment à sa fin. On y traîne très agréablement jusqu’au souper, avant de rentrer nous coucher tôt, et bien hydratés.
E7 : Yucca Valley – Big Bear Lake : 63,6 km / +1’684m
Etape 8 : De Big Bear Lake à San Bernardino… la grande descente
Départ matinal dans le froid et le vent de Big Bear Lake. Il ne fait que 1 degré. Tout ce qu’on a est sur nous…
Ça change du désert. Voyant la neige sur les versants nord, et après une brève discussion avec le shériff à la station service, on opte pour la sécurité, et la facilité : pas de grimpette à plus de 2400m dans la forêt enneigée.
On va simplement suivre la route 18, puis la route 330 jusqu’à San Bernardino.
Ça commence par 14 km en haut et en bas le long du lac, sur les rives duquel de grosses cabanes sont accrochées sur les rochers, à l’abri des pins.
On monte jusqu’à 2’183 m, longeant la neige qui subsiste sur les versants ombragés et sur le bord de la route, et on passe par la petite station de Snow Valley et ses trois télésièges. Le paysage est vaste et montagneux, avec au loin, tout en bas, la plaine, la fin.
Ça commene à descendre vite. Après Running Springs, on traverse un long secteur complètement ravagé par les incendies géants du mois de janvier. C’est impressionnant : sol beige, mort, recouvert d’une sorte de feutrine beige également. Les arbres sont noirs, avec leur branches, mais plus rien d’autre. Calcinés. Le feu a dû passer vite, pas le temps de carboniser les troncs ni les branches.
Vers 12h30, on atteint San Bernardino. Il nous reste 10 km tranquille à travers une zone industrielle calme et d’immenses centres de logistique. On escalade une dernière barrière, et nous voilà à l’hôtel, au bout de la trace.
Bravo nous !
La matinée fut froide mais facile physiquement. Pas d’émotion particulière à terminer (elle viendra au bord de l’océan). Je me sens juste globalement fatigué. Va falloir laisser reposer tout ça, les corps, et les esprits, car ce fut… intense…
On marche dans ce quartier commercial, fait pour les voitures, jusqu’à un resto. Il fait faim. Le reste de l’après-midi, on se repose en chambre : il n’y a rien à faire dans ce coin pour des piétons, et le soir, resto japonais en mode grillade. Très sympa
E8 : Big Bear Lake – San Bernardino : 67,2 km/ +414m/-2’112m
Retour au départ et conclusion – En train de San Bernardino à San Diego
Cinq minutes de pédalage nous mènent jusqu’à la gare de San Bernardino Tippecanoe, où nous prenons le train Metrolink qui nous mènera jusqu’à Los Angeles, avec un changement à San Bernardino Downtown.
Train plutôt confort, propre et safe. Traversée de quartiers industriels, et d’entrepôts, puis plus résidentiels, les rails passant parfois au milieu des 8 voies d’autoroute.
Nous arrivons à Los Angeles Union Station à 9h30. C’est un bâtiment un peu style Art Déco, charpente apparente peinte, avec un grand hall très calme. Clairement pas la frénésie d’une gare de moyenne ville européenne. On est à Los Angeles, vraiment ? On profite de quelques minutes pour sortir donner quelques coups de pédale dans le quartier proche (en fait juste une courte rue, Olvera Street), qui semble historique : petites maisons de style hispanique, et la caserne de pompier en brique rouge.
À 10h10, nous embarquons dans le Amtrack numéro 770 Pacific Surfliner.
Nous traversons les quartiers sud de Los Angeles, parfois industriels, parfois résidentiels. Nous franchissons quelques-unes de ces rivières-digues de béton vides qu’on voit dans les poursuites des films, mais apparemment il n’y a aucune poursuite aujourd’hui. Tout est calme.
Après une petite heure, le train rejoint la côte à Capistrano Beach, et longe carrément l’océan. Plage, surfeurs et palmiers défilent derrière les vitres, et la gare de San Clemente est carrément sur le Pier.
La fin de matinée approche, donc on a le droit, non? On va prendre l’apéro au wagon-bar : on déguste une excellente bière, avec un serveur sympa et marrant, en regardant défiler le Pacifique juste là, à droite du train.
On atteint Downtown San Diego vers 13h. Pédalage de 6 km le long de la baie, pour des Fish&Chips sur la marina au Mitch’s seafood restaurant, avant d’aller restituer le téléphone-satellite qu’on avait loué-
Puis c’est parti pour les 7 derniers kilomètres de vélo, qui nous ramèneront sur la plage d’Ocean Beach, pile là où nous sommes partis.
Ça fait drôle, et l’émotion est là cette fois, lorsque je commence à longer la plage… C’est fou toute la variété des kilomètres que nous avons parcourus.
Et nous voilà de retour au même endroit, mais assurément plus tout à fait les mêmes… Chaque aventure nous change, et pour une aventure, ce fut une sacrée aventure ! Merci.
Retour au Samesun Hostel. On tente de récupérer nos valises-vélo au bikeshop, mais c’est fermé. On patiente donc à l’Arizona Sports Bar, en compagnie de quelques bières. On pense quand même à aller chercher nos valises, et on file se doucher rapidement, avant un apéro et un repas finger-food au pub The Harp, où il y a de la musique live, sympa, mais trop forte.
Une dernière bière artisanale au California Wild Ales, où des fans des San Diego Padres fêtent la victoire de l’équipe, et nous apprennent qu’il y a match demain. Du coup, on a un programme : Baseball game !
On se couche vers 22h30, et il y a bien assez… Il semble qu’on se soit laissés emporter par le plaisir d’être allé au bout de cette belle aventure.
Merci Christophe !