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Aller boire une bière à la mer

Un petit bike­trip où tu découvres le point commun entre une bière et une hiron­delle, pourquoi j’ai porté des Loubou­tin, pourquoi 57 secondes, ça compte, et qu’on peut chan­ter sous la pluie (mais ça tu le savais déjà).

Airolo (Suisse) – Genova (Italie) – 420km, 3.5 jours pour aller cher­cher le prin­temps.
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Easy, ça descend

C’est une idée à la con qui découle d’un constat évident : l’hi­ver est trop long, marre du froid, marre de la pluie. Et où peut-on le plus espé­rer trou­ver un peu de soleil par trop loin fin mars ? Au sud des Alpes
Du coup petit check de la météo entre Airolo dans les Alpes suisses et Gênes, histoire d’aller boire une bière au bord de la mer.
Petit récap d’une sympa­thique aven­ture, mais plus humide que prévu.
Tout semble ok pour dans 4–5 jours. Je plani­fie 3 étapes et demi (en fait une après-midi, 2 jours, puis une dernière mati­née). Je réserve nos (mon vélo Silex et moi) billets de train de retour, ainsi que les hôtels en chemin. Et c’est parti.
La première mati­née se passe dans le train, pour fran­chir les Alpes, par les cols de la Furka et le Tunnel du Gothard, et me voilà au Tessin, à Airolo.



C’est là que j’en­fourche mon vélo, peu avant midi, et que j’en­tame la descente de la vallée de la Léven­tine, qui va m’em­me­ner jusqu’à Bellin­zona.
Le ciel est bleu, la neige pas loin, et ça s’an­nonce facile puisqu’il n’y a presque que de la descente jusqu’au Lac Majeur. 
C’était sans comp­ter sur un très sérieux vent de face qui va rendre l’ex­pé­rience beau­coup plus diffi­cile que prévu.
Heureu­se­ment, l’iti­né­raire offre quelques paysages magni­fiques, le long de la rivière Ticino (que je suivrai presque inté­gra­le­ment, jusqu’à ce qu’elle se jette dans le Pô à Pavie – elle prend sa source un peu plus haut que Airolo, dans le sublime Val Bedretto).



Première pause à l’ar­ri­vée en plaine, dans la jolie vieille ville de Bellin­zona domi­née par son château trônant sur une colline au coeur de la ville.
C’est ensuite plat jusqu’au Lac Majeur, que j’at­teins à Maga­dino, face à Locarno, mais le ciel commence à se couvrir. De là, je longe la rive sud du lac, j’entre en Italie, et je conti­nue jusqu’à Luino. 



La route est heureu­se­ment peu fréquen­tée, quasi­ment les pieds dans l’eau. Les passages sur l’an­cienne route, qui permettent d’évi­ter les tunnels, et de passer entre la falaise et le lac sont vrai­ment très sympa. Le ciel est sombre et bas lorsque j’ar­rive à Luino, mais je suis passé entre les gouttes.

1ère étape : Airolo-Luino 106.1km +664m (bref rien), mais –1’370m, donc prin­ci­pa­le­ment en descente, ce qui permet de faire ça aisé­ment en une petite demi-jour­née.
https ://www.komoot.com/fr-fr/tour/1473766945 

57 secondes de sec

La météo ne s’an­nonce pas terrible. Lorsque je m’élance, c’est gris, mais il ne pleut pas. Je pars confiant et opti­miste.
Briè­ve­ment  : je reçois la première goutte de pluie sur mon Garmin après exac­te­ment 57 secondes de péda­lage. 
Mon opti­misme dure 8 km, avant que je ne m’équipe en “mode pluie” dans le premier tunnel venu.

La première ving­taine de kilo­mètres est très sympa, sur une jolie piste cyclable qui me mène dans une forêt, où le chemin tracé, n’existe rapi­de­ment plus que sur la map, et où je crève exac­te­ment au même moment.
Accroupi sous les arbres qui gouttent, je regonfle mon pneu avec le spray mous­sant, et remonte sur la route ou une petite chapelle me permet de m’ins­tal­ler à l’abri pour répa­rer un peu mieux. La mousse semble tenir, et je décide donc de ne faire aucune
répa­ra­tion si ce n’est de regon­fler correc­te­ment le pneu.
Je me remets en route pour rejoindre la rive ouest du Lac de Varèse, qui est longée par une magni­fique piste cyclable.
Puis je me retrouve dans une très jolie forêt, sur des sentiers agréables, mais où de nombreux arbres sont tombés. Il faut soit les enjam­ber soit les contour­ner, et le sentier est parfois diffi­cile à retrou­ver. Je me perds donc plusieurs fois, ce qui me fait perdre pas mal de temps.


Je commence à avoir faim et je suis loin d’être à la ville dans laquelle j’avais prévu de manger, et donc je m’ar­rête dans une station-service de Somma Lombardo, où je mange rapi­de­ment un bout de pizza. 
Je n’ai parcouru que 53 km en 4h, la pluie n’a pas cessé un seul instant, et cela semble vouloir conti­nuer pour l’après-midi. 
Je repars rapi­de­ment, me retrouve dans le Parc natu­rel du fleuve Ticino. Après un dernier tronçon de forêt, je rejoins la piste cyclable qui longe le fleuve, et les Navi­gli, qui sont les canaux reliant le fleuve à Milan. 
C’est plat, facile, mais cette pluie devient vrai­ment saou­lante. Je passe sur les quais de Turbigo le long du Navi­gli, piste vrai­ment agréable le long des canaux. Je passe dans le joli village de Boffa­lora sopra Ticino, avant d’arri­ver à Pavie en toute fin d’après-midi, détrempé.





Je m’ar­rête chez un vélo­ciste, histoire d’ache­ter une chambre à air au cas où (pas envie de “blet­zer” sous la pluie), et de regon­fler correc­te­ment mes deux pneus. Je suis très surpris que la mousse ait si bien tenu, et j’es­père que ça passera la nuit avec le
gonflage à fond.
Je m’ins­talle dans une auberge de jeunesse, j’amène le vélo au sec dans la chambre, et je vais souper au bar juste en dessous. Y a assez pour aujour­d’hui, j’ai juste envie de me poser.
2ème étape : Luino-Pavia 140.3km +823m
https ://www.komoot.com/fr-fr/tour/1473773776 


Faire Polo­po­popo en Loubou­tin
 

Le lende­main, je constate avec plai­sir que les deux pneus sont toujours bien gonflés, et je décide de ne procé­der à aucune répa­ra­tion. 
En revanche, par la fenêtre, je constate avec beau­coup moins de plai­sir qu’il pleut des cordes et des bidons, des citernes, bref qu’il tombe tout ce qu’il p(l)eut…
Je quitte la jolie ville de Pavie et ses pavés glis­sants, par le pont couvert qui fran­chit le Ticino, et je mets cap au sud

La première partie de la mati­née je pédale sur des routes très boueuses (qui seraient sûre­ment très sympa dans un autre contexte), et avec un très fort vent de face
Je n’avance pas, je suis détrempé. Après 16km, à Mezzana Corti, je traverse quand même le Pô en chan­tant “Pô polo­po­po­po­pooo”, comme un con…

À l’ap­proche de Casteg­gio, je suis censé traver­ser une rivière, mais il n’y a pas de pont. C’est en fait un gué, mais vu les condi­tions, il est abso­lu­ment infran­chis­sable (sauf si on aime le rafting). Donc plutôt que de reve­nir en arrière sur routes boueuses
parse­mées de grosses flaques dont on ne sait pas la profon­deur, je décide de traver­ser un champ en direc­tion du village, pour me réorien­ter. Ce qui ne s’avère pas la meilleure idée, et je me trempe les pieds encore plus si c’était possible, tout en me
fabriquant de magni­fiques chaus­sures compen­sées avec semelle Lou-boue-tin.

Après une quaran­taine de kilo­mètres, je retrouve enfin du goudron régu­liè­re­ment, et je peux me concen­trer unique­ment contre le vent et la pluie. Et la pente, car les deux montées qui me font aller jusqu’au château de Monte­se­gale sont plutôt piquantes.
Puis je remonte une vallée en direc­tion de Varzi, sur une très sympa­thique piste cyclable qui longe la rivière, et la pente est tout à fait raison­nable. Ca fait du bien. 
J’ar­rive à Varzi où j’avais prévu ma pause, avec presque 2h de retard sur le plan. Jolie petite ville avec des ruelles étroites, mais c’est abso­lu­ment désert. Je finis par trou­ver un bar, où je mange rapi­de­ment un panini, grelot­tant au comp­toir. Il est déjà 13h45, et il me reste envi­ron 60 km, et plusieurs ascen­sions.
 
La pluie a enfin cessé (après plus de 30h non-stop) mais pas le vent. L’après-midi promet 4 petites montées, et je m’en­gage dans les “préalpes” de la chaîne des Appe­nins.
Ça fait du bien de monter un peu, plutôt que de se battre unique­ment contre le vent, et l’avan­tage des épingles à cheveux, c’est qu’une fois sur deux on a le vent dans le dos.
Les montées ne sont pas trop longues mais assez sèches, un peu en esca­lier, passant de raidillons en replats.
 

La descente du Val Barbera, le long de la rivière est très jolie, dommage que la pluie ait fait son retour.
J’ar­rive à Gavi, après une jour­née épui­sante, très gour­mande en éner­gie, mais je me sens quand même en forme, et vu qu’il ne pleut plus, je croise les doigts pour ma dernière mati­née demain.
3ème étape : Pavia-Gavi 120km +1’785m
https ://www.komoot.com/fr-fr/tour/1473781570 

La bière, la mer

Au réveil, je constate avec rési­gna­tion qu’il pleut toujours. Et pas qu’un peu.
C’est parti pour 20km de montée. Je traverse le pont romain de Voltag­gio, qui n’en est pas à sa première averse, puis m’en­gage dans la vallée. La route n’est pas en super état, mais il n’y a personne. Aucun trafic, et les 2–3 hameaux que je traverse sont tota­le­ment déserts


Le brouillard s’ajoute à la pluie et au vent pour la fin de l’as­cen­sion, et je finis par atteindre le Col de la Bocchetta (alt. 772m), où je ne m’at­tarde pas, trempé et gelé.
 

Et impos­sible de m’ha­biller mieux pour la descente. J’ai tout ce qui est suppo­sé­ment étanche au vent et à la pluie déjà sur moi depuis le départ, et j’ai bien trans­piré en montant… Ca va piquer… 
Sur le versant sud, le brouillard est encore plus épais, et plutôt que de profi­ter de la descente, je roule très très lente­ment, presque à l’aveugle tant la visi­bi­lité est mauvaise. C’est carré­ment le GPS qui m’an­nonce les virages, car moi je ne vois rien. 

J’at­teins la ville de Campo­rone, et me voilà dans la grande banlieue de Gênes
Ce n’est pas très joli, mais il y a beau­coup moins de trafic que ce que je crai­gnais, et j’avance enfin bien.
Arrivé dans la ville elle-même, le trafic devient plus dense, mais en vélo ça roule pas si mal en fait. 
Je passe sous le pont d’au­tou­route s’était effon­dré en rentrant la tête dans les épaules, content d’avoir un casque, puis sous divers entre­lacs de routes à l’ap­proche du port.

Et je vois enfin la mer en arri­vant devant le musée de la marine. Ça y est, le but est atteint. L’am­biance n’est pas du tout celle espé­rée, sous la grisaille et la pluie, mais voilà j’ai pédalé du Gothard à la mer.

Je conti­nue vers l’est jusqu’au quar­tier que j’avais repéré, Boca­dasse qui me semblait accueillante pour manger à midi. 
Les derniers kilo­mètres se font sur une prome­nade le long de la mer, qui est déchaî­née et se casse avec fracas sur les plages de galets. Boca­dasse est une toute petite crique cernée de maisons colo­rées que les vagues viennent presque enva­hir. Du coup c’est moins accueillant qu’es­péré, il faut bien l’avouer. 

Il pleut toujours et je me réfu­gie dans un tout petit bar très sympa Le Stram­bur­ger, pour boire la bière pour laquelle je suis venu. Suis au bord de la mer, mais tant pis pour la terrasse. C’est par la fenêtre que je regarde les vagues. 
Déci­dé­ment ce trip aura été marqué par l’eau et les éléments…
 
Il est temps de rentrer. Sur le chemin de la gare, je m’ar­rête dans un fitness que j’avais contacté, histoire de prendre une douche (comme si j’avais pas encore pris assez d’eau), par respect pour mes futurs co-passa­gers du train…
Et me voilà de retour à la maison, le jeudi soir, après quelques péri­pé­ties ferro­viaires, en étant parti le lundi matin…
Bref, je suis allé boire une bière au bord de la mer… mais cela ne fait pas le prin­temps, comme l’hi­ron­del­le…
4ème étape : Gavie-Genova 52.8km, +758m
https ://www.komoot.com/fr-fr/tour/1473785750 

Trip total  : 420km, +4’030m – du 25 au 28 avril 2024, sur un Merida Silex700.
Setup : topeak (selle), restrap (guidon) et rockri­der pour 2 mini sacoches de cadre 
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