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Swiss.crossing- Etape 1/12

Etape 1 – Rorschach-Heri­sau – 28.1 km / 737m D+

Celle où je commence à courir, et je suis content…

Telle­ment content, que les 11 premiers km, qui sont inté­gra­le­ment en montée, passent tout seul. 

Jusqu’à une ville fantô­me…

 

(NB :*Pour en savoir plus sur le projet lui-même, la liste et le récit/gale­rie des étapes) / *Pour savoir quel maté­riel j’em­porte)

Je me lève assez tôt, le soleil brille, j’ai vrai­ment trop de chance.

Petit déjeu­ner basique, où je ne me casse pas la tête à réflé­chir quoi manger : ce sera 2 crois­sants et 2 tranches de pain complet avec de la confi­ture fraises-rhubarbe, c’est tout.

Je ne veux pas partir trop tôt, alors je me repose encore un peu dans la chambre, en me prépa­rant tranquille­ment. C’est là que tout à coup je me rends compte de ce que je suis en train de faire, et je met à sautiller de joie partout en riant comme un con, excité comme un gamin qui vient de débal­ler son cadeau de Noël préféré. Très bien que personne n’ait vu ça.

Prêt, je sors fina­le­ment vers 9h30, et je vais symbo­lique­ment prendre le départ sur une jetée qui s’avance sur l’eau. On ne peut pas prendre le départ plus près du lac, je suis carré­ment dessus. Mais assez rigolé, il est temps de courir…

Un dernier regard sur l’eau et vers le nord, puis je fais demi-tour.

Ça y est, je tourne le dos au lac de Constance, et c’est parti, presque tout droit jusqu’au Lac Léman…

Je commence par traver­ser la petite ville de Rorschach, petit port qui existe déjà depuis bien avant le Moyen Age, aux confins de la Suisse, à peine à 7 km de la fron­tière autri­chienne, et face à l’Al­le­magne de l’autre côté du lac. 

Ce Lac de Constance est en fait une excrois­sance du Rhin, et se compose de deux parties, sépa­rées juste­ment par un tronçon du fleuve. Les rives de ce lac baignent les 3 pays : Alle­magne, Suisse, et Autriche. Avec 536km2 au total, c’est le 3ème plus grand lac d’Eu­rope conti­nen­tale, après le Lac Bala­ton et le Lac Léman.

Dès que je m’éloigne des rives du lac, ça commence à monter. La ville est petite  et j’at­teins rapi­de­ment des champs, je jette un dernier coup d’œil en arrière sur le lac…  

Je suis bien. Serein. Mais aussi terri­ble­ment content et excité. A tel point que je commets ma première erreur et que je rate un panneau et ne sens pas vibrer ma montre, ce qui m’a fait faire un aller-retour inutile de 500m dans une forêt. Ça m’ap­pren­dra à rester concen­tré.

Après un bon raidillon, je passe près du château de Sulz­berg. Ça conti­nue à monter à travers champs, où des petits villages se succèdent. Je croise mes premiers animaux : dans l’ordre, des chevaux, des vaches, des moutons, un coq, et un lapin. Je les salue tous comme étant les premiers animaux du voya­ge… d’ailleurs je n’ai pas vu de chats aujour­d’hui c’est bizarre, non ?

Ça monte comme ça pendant une dizaine de kilo­mètres, puis ça redes­cend dans une forêt, pour aller traver­ser des gorges avant de remon­ter de l’autre côté.  C’est là qu’une buvette de campagne m’at­tire pour une petite pause, mais comme elle est proche d’un stand de tir, et que les Suisses sont très occu­pés à prépa­rer la paix, bien qu’on soit dimanche matin, la fusillade est un peu bruyante à mon goût. Même si c’est un son typique­ment suisse, je conti­nue.

Et au détour d’une ferme, sans aucun aver­tis­se­ment, je me retrouve d’un coup dans la banlieue tranquille et déserte de Saint-Gall.  L’iti­né­raire me fait éviter les rues prin­ci­pales, et je passe par de petits sentiers au pied de forêts, avant d’ar­ri­ver à l’en­trée de la vieille ville.

J’y pénètre par la Karl­stor, qui marque l’en­trée de l’en­ceinte de l’an­cien couvent. Je passe une autre gale­rie, et me retrouve dans la cour du couvent, au milieu de laquelle trône l’Ab­ba­tiale et ses deux impo­sants clochers.

Ce couvent d’obé­dience béné­dic­tine a été fondé vers 612 par un moins irlan­dais appelé Gall.

La cathé­drale baroque à été construite en 1755, et ses deux clochers culminent à 68m. Elle s’adosse à une très ancienne biblio­thèque et ses archives, qui réunissent plus de 170’000 ouvrages, dans ce qui est proba­ble­ment la plus belle salle baroque de Suisse. Les moines béné­dic­tins appe­laient cette biblio­thèque mondia­le­ment célèbre la «  phar­ma­cie de l’âme  » pour quelques infos supplé­men­taires sur la ville, voir en fin d’ar­ticle).

Le Soleil brille et cela semble le lieu idéal pour faire ma pause. En revanche, quasi­ment tout est fermé (dimanche en Suisse + Covid…). Je finis par trou­ver un petit sand­wich, que je mange sur un banc public.

Il y a du vent, et malgré le soleil, il fait vite froid, et je décide de me remettre en route assez rapi­de­ment. 

Je quitte donc la vieille ville de Saint-Gall, et tout à coup je me retrouve sur plusieurs rues et une place entiè­re­ment rouges, en tartan, où le mobi­lier urbain est égale­ment en tartan et d’un rouge écla­tant, comme si un gigan­tesque bidon de pein­ture s’était renversé, et le tout surplombé par de grosses boules de couleur beige suspen­dues entre les bâti­ments. Je comprends que ce secteur réunit en fait les bâti­ments du siège prin­ci­pal de la banque Raif­fei­sen suisse. C’est assez étrange comme impres­sion mais je trouve fina­le­ment ça plutôt sympa.

J’ai un peu de peine à me remettre dans le coup, mais heureu­se­ment il ne reste que 10km, et le gros du déni­velé est fait puisqu’il était dans les 11 premiers kilo­mètres.

Peu après Saint-Gall, je fran­chis les gorges de la rivière Sitter, sur un des 14 ponts, plus ou moins élevés, qui fran­chissent ce cours d’eau à l’ouest et au nord de la ville. J’em­prunte un viaduc de 210m de long consti­tué de 5 voûtes hautes de 65m, et qui en plus de suppor­ter ma foulée de moins en moins légère, voit passer des trains bien plus rapi­des… 

Puis c’est le lac de Gübsen­see, entouré d’es­paces de pique-nique, mais comme je n’ai pas de pique-nique, je le contourne, puis j’ar­rive dans le canton d’Ap­pen­zell Rhodes Exté­rieure.

Et je me rends compte que je suis déjà dans les faubourgs de la petite ville de Heri­sau qui est ma desti­na­tion, et la capi­tale du canton (et si tu veux en savoir plus, et ce que Rhodes Exté­rieurs signi­fie, c’est en fin d’ar­ticle). 

Une dernière montée, et j’ap­proche du centre de ville où proba­ble­ment un acci­dent nucléaire a eu lieu en plus de la pandé­mie. Il n’y a abso­lu­ment personne. Certes on est dimanche, et au fin fond de la Suisse, mais c’est quand même une ville de plus de 15'000 habi­tants selon Wiki­pe­dia… Du coup c’est assez étrange comme sensa­tion.

Je suis très surpris par le chan­ge­ment clair d’ar­chi­tec­ture. La ville n’est pas du tout comme les autres villes moyen­âgeuse, faites de grosses pierres. Ici les maisons sont en bois, et donnent à l’en­semble un petit air nordique. Je tourne un peu dans l’es­poir de trou­ver quelque chose à manger et à boire, avant d’al­ler à l’hô­tel

L’hô­tel est égale­ment désert (Stephen King si tu nous regarde). J’ai un code pour entrer, et je m’ins­talle dans une grande chambre très sympa sous les toits.

Douche, lessive, tri photos, puis vu le soleil je décide d’al­ler profi­ter d’une terrasse dans cette ville fantô­me… Je marche une ving­taine de minutes en croi­sant exac­te­ment 3 personnes, et je commence à me dire que mon souper ce sera à l’au­to­mate de la gare (s’il y en a un…).

Mais bon je finis par déni­cher une terrasse ouverte à l’ar­rière d’un hôtel à l’air fermé… et ils sont même d’ac­cord de me faire à manger un peu plus tard… mais pas de grand choix. La serveuse avec des yeux trop gros et trop blancs surtout, son chignon sur la tête, et un costume tradi­tion­nel (enfin que le haut, dentelles fleurs et tout, en bas c’est un jeans noir, pas la longue jupe) m’ex­plique qu’ils ont pas grand chose (si Stephen King vient ici un dimanche de novembre on a un best-seller je vous promets). Ils ont même pas de saucisses (j’avais envie de saucisses rösti, on est au cœur de la Suisse alle­mande non ?…), donc ce sera poulet, frites, salade, bière… toujours une prépa­ra­tion de pro…

(NB :*Pour en savoir plus sur le projet lui-même, la liste et le récit/gale­rie des étapes) / *Pour savoir quel maté­riel j’em­porte)

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Loge­ment :

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Pour voir le tracé prévu (zoomable) pour cette étape, sur la carte Suis­se­Mo­bile.ch, clique ici ou sur la carte 

 Lien vers le STRAVA corres­pon­dant à cette étape

 

Saint-Gall  Vieille Ville 

L’en­semble est le symbole de la ville et a été inscrit au patri­moine mondial de l’Unesco en 1983, avec Saint-Gall se déve­loppa au Moyen-âge pour deve­nir un impor­tant centre cultu­rel et univer­si­taire euro­péen. 

La vieille ville est carac­té­ri­sée par des  encor­bel­le­ments peints qui ornent les nombreuses maisons bour­geoises du XVIe au XVIIIe siècles.

La ville s’est faite connaître égale­ment dès les 18ème siècle pour ses brode­ries et dentelles, à tel point que vers 1910 sa produc­tion de brode­rie était la plus grande branche d’ex­por­ta­tion de l’éco­no­mie suisse avec 18% de la valeur totale des expor­ta­tions, qui repré­sen­tait plus de 50% de la produc­tion mondiale de brode­rie !

 

Heri­sau – Appen­zell Rhodes exté­rieures

La loca­lité existe depuis le 9ème siècle, et appar­te­nait à l’ori­gine au couvent de Saint-Gall. Elle devint indé­pen­dante après la construc­tion d’une église.

Capi­tale du Canton d’Ap­pen­zell Rhodes Exté­rieures (partie protes­tante) (inté­rieure =catho­lique). Appen­zell est le 13ème canton à rejoindre la Confé­dé­ra­tion suisse, en 1513.

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