Swiss.crossing- Etape 0/12

Je me rends compte que je pars. Sans impa­tience, mais avec une légère anxiété comme avant un examen.

Je me rends compte que je pars, et surtout que je laisse mon amou­reu­se… jamais nous ne sommes sépa­rés aussi long­temps. Et pour le moment j’ai l’im­pres­sion que c’est ce senti­ment qui prend dessus. Je ne réalise pas du tout l’aven­ture qui m’at­tend.

A la gare les yeux sont humides. Je pars. Je l’ai telle­ment imaginé, préparé, que ce jour paraît irréel, et même si je suis encore «  chez moi  » c’est comme si cette gare m’était déjà étran­gè­re…

Je ne pars pas, je suis parti. 

En route pour 5h de train…

Je remonte le Valais jusqu’à Viège, puis change de train. Je reste­rai dans le ICE 8 jusqu’à Roman­shorn, 3h20 plus loin, au bord du Lac de Constance. 

Passé le tunnel du Lötsch­berg, dans lequel je pique-nique, je me retrouve dans la Vallée de la Kander direc­tion Spiez, dans ces paysages vallon­nés entou­rés de montagnes un peu semblables à ceux que je vais traver­ser. 

Quand je regarde ces routes de campagne, ces chemins, ces champs, ces forêts, par la fenêtre du train, je commence à me rendre compte de la «  tâche  » qui m’at­tend… Je m’ima­gine y courir, et je n’irai pas à la vitesse d’un train… Y a du boulot… Mais je suis bien, serein… Advienne que pour­ra…

Spiez, le Lac de Thoune, Thoune, Bern, les champs du Plateau, les châteaux accro­chés aux collines, puis Zurich, Frauen­feld où j’aperçois la caserne où je me suis senti si étran­ger voilà 30 ans…­puis la campagne à nouveau, sous le soleil. 

En fait plus j’avance plus je suis serein. Il semble en plus que j’ai gagné à la lote­rie de la météo, eh oui, du coup tout va pour le mieux.

Chan­ge­ment de train à Roman­shorn, direc­tion Rorschach. J’aperçois pour la première fois le lac de Constance sur la gauche, et je décide de descendre du train à Horn/TG, à savoir une gare avant ma desti­na­tion, et de termi­ner le trajet en courant.

D’une part cela me permet­tra de me dégour­dir les jambes tranquille­ment sur 5 km, après ce long trajet en train, mais la vraie raison (chhht) est que le village de Horn se trouve en Thur­go­vie, ce qui va me permettre de courir en fait dans 1 canton supplé­men­taire, et me faire avan­cer dans mon autre défi, courir dans 21 cantons suisses en cette année 2021.

Du coup c’est parti pour les premiers kilo­mètres de mon aven­ture. Je me sens super bien, c’est facile, c’est plat, je vais tranquille, je me sens en vacances. Les rives du lac sont très bien aména­gées, de longues prome­nades, et ça et là des bars au bord de l’eau, qui sont bien tentants… 

J’at­teins rapi­de­ment Rorschach où je m’ins­talle dans l’au­berge de jeunesse. Lits super­po­sés, mais seul dans la chambre, avec vue sur la grande piscine, le lac, et au fond l’Al­le­magne. Je m’ins­talle évidem­ment dans un lit du bas, ce serait trop con : «  il aban­donne son voyage avant de l’avoir commencé en tombant de l’échelle de son lit  »…

Je m’ins­talle rapi­de­ment, j’ai pas beau­coup d’af­faires à ranger, je prends une douche, et je sors m’ins­tal­ler sur une terrasse au bord du lac pour profi­ter du soleil qui est très très agréable. Et vu les circons­tances, le charme du lieu, la tempé­ra­ture, il n’y a abso­lu­ment aucune chance que je résiste à boire une ou deux bières pour l’apéro.

Et effec­ti­ve­ment, je ne résiste pas… 

Je profite encore du soleil en soupant sur une terrasse : la prépa­ra­tion idéale pour de longs runs : hambur­ger frites bières.

Retour tranquille à l’au­berge et repos…

Suis impa­tient de commen­cer vrai­ment…

(NB :*Pour en savoir plus sur le projet lui-même, la liste et le récit/gale­rie des étapes) / *Pour savoir quel maté­riel j’em­porte)

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