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Fais tourner...

Au début, tu es curieux. Tu vois les autres.
Et comme souvent, ça t’in­trigue.

Faut dire qu’en plus, les autres t’en­cou­ra­gent…
«  Essaie, tu verras, c’est bon. Tu risques rien  ».
Mais les premières fois, tu n’aimes pas ça.
Oh non. Tu tousses, tu craches. Tu as parfois des nausées.
Ton corps se révolte.
On te met en garde : «  Fais atten­tion, si tu commences, tu ne pour­ras plus arrê­ter  ».
Tout le monde le dit.
Ceux qui ont goûté. Et même les autres.
Mais tu es plus fort. Tu es diffé­rent.
«  Moi, j’ar­rête quand je veux  ».
Tu as envie d’ar­rê­ter d’ailleurs.
Et tu pour­rais. Il n’est pas trop tard encore.
Tu te demandes souvent pourquoi tu as commencé. Pourquoi tu fais ça.
Mais il y a les autres. Alors tu conti­nues. Malgré tes doutes.
Au fond de toi tu sais.
Il sera bien­tôt trop tard. Ce n’est plus si mauvais. Tu tousses moins. Ton corps se plaint moins.
Les autres te tapent dans le dos.
Ils rient : «  tu vois comme c’est bon  ».
Tu n’es pas vrai­ment convaincu. Mais ils te comprennent. Te soutiennent.
Ils t’ex­pliquent comment mieux en profi­ter. Te racontent leurs histoires «  d’an­ciens combat­tants  ».
Tu te dis que tu n’es pas comme eux. Que tu ne le seras jamais.
Ils t’in­vitent à des fêtes.
Tu en prends un peu plus.
Tu goûtes de la meilleure.
Tu découvres le manque.
Tu deviens irri­table. Agres­sif. Fati­gué.
Ton corps est parcouru de four­mille­ments.
Ta tête en a besoin. Il te faut ta dose.
Tu sors en cher­cher.
Tu n’as plus besoin des autres.
Tu as ton propre réseau.
Tu vas à des fêtes.
Même si tu n’y connais personne.
Tu sais que tu trou­ve­ras.
Tu en prends un peu plus.
Quelques bad trips. Ton corps se défend. Les doutes reviennent.
Mais ta tête est trop forte. Trop faible.
Tu conti­nues. Tu planes.
C’est bon.
Heureu­se­ment tu n’es pas comme les autres.
Non.
Pas toi.
Tu arrêtes quand tu veux, toi.
Ça te rassure.
Pour­tant le lende­main tu recom­mences. Malgré toi.
Tu mets tes chaus­sures. Et tu sors.
Courir.
Enco­re…

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