Running (français) / 12/09/2016
Running / 12/09/2016
Fais tourner...
Au début, tu es curieux. Tu vois les autres.
Et comme souvent, ça t’intrigue.
Faut dire qu’en plus, les autres t’encouragent…
« Essaie, tu verras, c’est bon. Tu risques rien ».
Mais les premières fois, tu n’aimes pas ça.
Oh non. Tu tousses, tu craches. Tu as parfois des nausées.
Ton corps se révolte.
On te met en garde : « Fais attention, si tu commences, tu ne pourras plus arrêter ».
Tout le monde le dit.
Ceux qui ont goûté. Et même les autres.
Mais tu es plus fort. Tu es différent.
« Moi, j’arrête quand je veux ».
Tu as envie d’arrêter d’ailleurs.
Et tu pourrais. Il n’est pas trop tard encore.
Tu te demandes souvent pourquoi tu as commencé. Pourquoi tu fais ça.
Mais il y a les autres. Alors tu continues. Malgré tes doutes.
Au fond de toi tu sais.
Il sera bientôt trop tard. Ce n’est plus si mauvais. Tu tousses moins. Ton corps se plaint moins.
Les autres te tapent dans le dos.
Ils rient : « tu vois comme c’est bon ».
Tu n’es pas vraiment convaincu. Mais ils te comprennent. Te soutiennent.
Ils t’expliquent comment mieux en profiter. Te racontent leurs histoires « d’anciens combattants ».
Tu te dis que tu n’es pas comme eux. Que tu ne le seras jamais.
Ils t’invitent à des fêtes.
Tu en prends un peu plus.
Tu goûtes de la meilleure.
Tu découvres le manque.
Tu deviens irritable. Agressif. Fatigué.
Ton corps est parcouru de fourmillements.
Ta tête en a besoin. Il te faut ta dose.
Tu sors en chercher.
Tu n’as plus besoin des autres.
Tu as ton propre réseau.
Tu vas à des fêtes.
Même si tu n’y connais personne.
Tu sais que tu trouveras.
Tu en prends un peu plus.
Quelques bad trips. Ton corps se défend. Les doutes reviennent.
Mais ta tête est trop forte. Trop faible.
Tu continues. Tu planes.
C’est bon.
Heureusement tu n’es pas comme les autres.
Non.
Pas toi.
Tu arrêtes quand tu veux, toi.
Ça te rassure.
Pourtant le lendemain tu recommences. Malgré toi.
Tu mets tes chaussures. Et tu sors.
Courir.
Encore…