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Inscrivez-vous à newsletter urbirunEtape 12 – Les Paccots-Le Bouveret – 28.5km (total final 374.95km) / 371mD+ (total final +10’957m D+) / 11 ponts (110) / caillou dans la chaussure 0 (7) / décharge électrique de clôture à vache 1 (à Chlini Morgarten/SZ, jour 4).
Celle où j’ai vu ma dernière vache, LE lac, et où je suis resté sur le cul…
Pour en savoir plus sur l’aventure swiss.crossing Lake2Lake, c’est ici
*Bilan : les chiffres inutiles à la fin du voyage…
Je suis rejoint au départ de l’étape par mon frère Jérôme, qui va m’accompagner sur les 10 premiers kilomètres.
Je ne ressens pas d’émotion particulière au départ de cette dernière étape, je crois que je suis encore un peu concentré, tout en craignant le dernier bout de plat.
En passant par les Paccots, il semble que ce soit le jour l’inalpe, les vaches portent leur “cloches du dimanche”, à savoir les plus belles sonnailles, pour les cérémonies, et d’ailleurs quelques paysans sont en habit traditionnel d’armailli.
Nous commençons par monter dans la forêt, ça se passe plutôt bien, je me sens en forme et nous traversons la passerelle de Flégère, rouge, au milieu des bois.
Ça continue à monter un peu dans la forêt puis nous nous retrouvons dans des alpages, où quelques vaches se mettent à courir vers nous, sans doute d’enthousiasme de nous voir, puis nous arrivons au Marais des Tenasses, que nous traversons sur une passerelle de bois branlante, entourés par des étendues de fleurs.
Et nous voilà dans le canton de Vaud, le dixième de l’aventure.
Peu après, au hameau de Lally, j’aperçois pour la première fois le massif des Dents-du-Midi, au pied duquel j’habite. Ça sent la maison.
À peine 1 km plus loin, presque par surprise, j’aperçois le Lac Léman, d’un bleu profond, presque 1000m plus bas. Cette fois-ci il est bien là, il ne me reste plus qu’à descendre rejoindre ses rives.
La descente est raide, à travers la forêt, avec de nombreuses marches, très casse-pattes. Je salue ce que je pense être la dernière vache (bien vu, cela s’avérera être elle…), parmi les centaines, que j’aurai croisé sur mon trajet, puis on continue à descendre jusqu’à Blonay, avant de rejoindre Montreux par les hauts.
Jérôme me quitte à la gare de Montreux, et c’est seul que je fais les 100 derniers mètres jusqu’à la rive du lac.
Et c’est là seulement que les premières émotions arrivent, mais je lutte contre elles, il y a encore plus de 12 km. Je me délecte de cette vue sur le lac, ultra paisible aujourd’hui, cette vue sur les montagnes si familière, et de l’autre côté, le village du Bouveret, que je vais encore devoir rejoindre.
Je m’offre une pause, sur la passerelle devant la statue de Freddie Mercury, sur la place du marché de Montreux.
C’est mon dernier pique-nique, clairement le moins calme vu le monde alentour, mais c’est au bord du lac, de l’autre lac…
Je m’efforce de rester concentré, car je sais que le long plat qui m’attend ne va pas être si facile à négocier, il ne faut pas que ni mon corps, ni mon esprit, croient que c’est fini.
Je suis très partagé, entre l’envie de rester là assis au bord du lac, pour que ce soit fini mais pas vraiment, et l’envie de me relever, de mettre mon sac, et de courir encore jusqu’au bout de cette aventure.
Ma gorge se noue. J’ai les yeux humides. Il ne faut pas. Pas encore. Pas déjà. Il faut courir. Courir encore, et profiter encore. De chaque kilomètre, de chaque mètre, de chaque pas.
C’est dur de repartir, et pour la première fois depuis plus de 360km, je me retrouve sur des chemins connus… C’est plutôt poussif pendant les 2–3 km jusqu’au fameux et magnifique Château de Chillon accroché à son rocher sur le lac. Après une énième pause photos, je repars, avec un peu plus d’énergie.
Villeneuve, 7km encore. Puis c’est la longue traversée de la plaine des Grangettes, entre forêts et champs. Je suis impatient, j’avance pas trop mal, autour des 10km/h… Je suis impatient et anxieux.
Le Rhône. La belle passerelle métallique, et me voilà dans le 11ème canton, de retour dans le mien, en Valais…
1km. Mes gourdes sont presque pleines, je m’arrête pourtant à une fontaine, pour les remplir… comme pour faire durer encore un peu… La dernière fontaine…
Puis je longe le canal, direction le lac et les quais… le pont sur le canal, un virage à droite… et un enfant qui se met à courir à côté de moi avec un drapeau suisse dans les mains. Je ne comprends pas, je ne le reconnais pas tout de suite, mais c’est Gaspard, mon neveu, le fils de Jérôme. Il me tend le drapeau, je le prends, il court à côté de moi, et je commence à entendre crier… et là à une cinquantaine de mètres, les derniers de 374’900 mètres, je vois une haie d’amis et de famille qui crient et applaudissent… Magnifique, magique… Quel accueil… Wow… je suis un peu perdu… surpris… tant de monde, si divers, tous réunis par mon amoureuse… Je salue, je remercie, je bois un peu d’eau… un peu confus, mal à l’aise d’être “la star”, mais heureux de cette arrivée en “fanfare”… Une bière, puis 2–3–4… l’hydratation, c’est important ça l’hydratation… Une sublime fin de journée pleine de joie et d’amour…jusqu’au magnifique coucher de soleil sur ce lac que je suis venu retrouver de si loin…
Merci. Merci mon corps de m’avoir porté à travers le pays. Merci le pays d’être si beau et si paisible. Merci à tous ceux qui m’ont envoyé des messages et soutenus. Merci à mon amoureuse qui vit avec ce projet depuis tant de mois, et qui trouve encore l’énergie de me soutenir autant et de me faire une si belle surprise…
Une aventure de rêve. Un rêve devenu aventure.
J’ai rêvé grand, en pensant souvent que je rêvais trop grand. Mais un matin dans une forêt bernoise, j’ai su qu’il fallait rêver grand, parce que même si tu rêves trop grand, ce rêve te fait grandir, et tu finiras donc par être parfaitement à sa taille…
Depuis des années, courir m’a rendu plus grand. Oui, courir rend plus grand. Et rend le monde plus petit. Jamais je ne l’ai autant ressenti…
Et comme disait je ne sais plus qui, “le succès ce n’est pas d’avoir fini, mais d’avoir eu le courage de commencer”…
Et quoi de mieux pour finir que de parler de commencement…
(dernier panneau jaune en arrivant au bord du lac à Montreux…)
Logement : maison…
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Bilan : *les chiffres inutiles à la fin du voyage…