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Golden Gate - Le pont impossible

Comment le coureur Donald Bryan fut le premier à traver­ser le pont qu’il était impos­sible de construi­re… et quelques chif­fres…

Malgré le trem­ble­ment de terre de 1906, San Fran­cisco connaît une période de certaine pros­pé­rité au début du XXème siècle. Port le plus impor­tant du pays, la ville est construite tout au nord d’une presqu’île entou­rée d’eau de trois côtés. Ce déve­lop­pe­ment écono­mique rendait néces­saire le déve­lop­pe­ment des axes de commu­ni­ca­tion, pour étendre les possi­bi­li­tés d’échanges et d’ap­pro­vi­sion­ne­ment de cette ville en pleine crois­sance.

Cela impliquait natu­rel­le­ment la construc­tion de ponts, surtout à une époque où les trans­ports routiers connais­saient eux-aussi une évolu­tion rapide.

Des trans­ports par ferrys exis­taient tant vers l’est à travers la Baie, qu’à travers le détroit de 2km de large ouvert sur le Paci­fique, vers le nord et le comté de Marin, qui offrait d’in­té­res­santes pers­pec­tives de déve­lop­pe­ment consi­dé­rant les nombreux secteurs habi­tables non bâtis, et aux ressources encore inex­ploi­tées. Mais les lignes mari­times étaient toujours satu­rées et rendaient la circu­la­tion des marchan­dises diffi­ciles.

L’idée d’un pont qui traver­se­rait le Golden Gate appa­rut pour la première fois dans un article du New York Times (bien loin de San Fran­cisco) en 1916. Le projet repré­sen­tait un véri­table défi, le détroit du Golden Gate présen­tant des contraintes natu­relles impor­tantes : largeur, courants puis­sants et dange­reux (les remous peuvent atteindre 95km/h), vents violents, ou encore brouillard marin chargé de sel corro­sif, tous obstacles majeurs à la construc­tion d’un ouvrage de cette ampleur.

Pour mener à bien un tel projet, il fallait un spécia­liste du génie civil. Un seul homme répon­dit à l’ap­pel de la ville : un ingé­nieur de Chicago, d’ori­gine alle­mande, Joseph Strauss, qui bien que spécia­lisé dans la construc­tion de ponts (il avait réalisé 500 ponts à bascule) n’avait aucune expé­rience dans les ponts suspen­dus, ni dans les ponts de cette taille. Avec une force de convic­tion et un ego aussi larges que le détroit, il finit par empor­ter le marché. Et il lui fallut encore 10 ans pour impo­ser le projet final.

Puis ce projet rencon­tra encore de nombreuses oppo­si­tions notam­ment quant à son budget (équi­valent aux ⅔ de la valeur de toutes les proprié­tés de la ville). Les compa­gnies de ferry (qui voyaient cette concur­rence d’un très mauvais oeil), l’ar­mée (proprié­taire des 2 rives), et le krach écono­mique de 1929 retar­dèrent encore le début des travaux.

Sous l’égide du programme de relance écono­mique du Président Roose­velt, qui visait à favo­ri­ser les grands travaux publics pour créer des emplois, la construc­tion du pont débuta enfin en 1933.

Les plon­geurs furent les premiers à se jeter à l’eau, luttant contre des courants extrêmes, pour faire sauter la roche de base, à 30m de fond, à coup de dyna­mi­tages sous-marins, pour instal­ler les panneaux de béton qui servi­raient de socles aux piles du pont, tout cela quasi­ment à l’aveugle, dans des eaux glacées et boueuses.

Les fonda­tions des tours furent ensuite construites sur ces socles : on construi­sit d’im­menses cylindres dans l’océan, du fond jusqu’à la surface, puis ces “tubes” furent vidés de leur eau et remplis de béton. On érigea ensuite sur ces piles les 2 tours métal­liques  de 227 mètres de haut grâce au travail acharné des char­pen­tiers “métal­liques”. Il ne restait plus qu’à tirer les câbles.

Les premiers câbles d’acier (bapti­sés catwalk câbles), qui devaient relier les 2 tours furent mis en place en juillet 1935, avant l’ins­tal­la­tion des câbles de suspen­sion. Les travaux finaux commen­cèrent en juin 1936, avec la pose des plaques d’acier sur lesquelles la future route allait être placée, et en avril 1937, la construc­tion du plus grand pont du monde était termi­née.

Le 27 mai 1937, jour de l’inau­gu­ra­tion, fut réservé aux piétons, et une des plus grandes villes du pays se trouva alors quasi­ment à l’ar­rêt, tota­le­ment vide et para­ly­sée, chacun voulant aller traver­ser cet incroyable pont.

Et c’est ainsi qu’un certain Donald Bryan, athlète du San Fran­cisco Junior College fut paraît-il le premier à traver­ser la tota­lité du pont en courant, en se préci­pi­tant dès l’ou­ver­ture des barrières, parmi des dizaines de milliers de badaux, qui étaient venus décou­vrir l’ou­vrage dès le matin. On estime que ce jour-là, plus de 200’000 personnes l’ont traversé.

Le lende­main Frank­lin Delano Roose­velt, le président de l’époque annonça, via un bouton qu’il pressa depuis Washing­ton, l’ou­ver­ture du pont au monde entier. En fin de jour­née 32’000 véhi­cules et 19’000 piétons s’étaient acquit­tés du droit de passage pour réali­ser la traver­sée entre San Fran­cisco et le comté de Marin, qui étaient enfin reliés.

Quelques chiffres
- 2700m de long
- 1280m entre les 2 tours
- 128’750km de câbles (soit 3.2 fois le tour de la terre), dont les 2 câbles prin­ci­paux de 2130m conte­nant chacun plus de 24km de câbles d’aciers
- 811’500’000 kg
- 520’000 m³ de béton
- 75’000 tonnes d’acier
- 600’000 rivets
- 20’000 litres de pein­ture par an
- 11 morts pendant les 4 ans de travaux dont 10 dans le même acci­dent
- 19 vies sauvées grâce aux filets de protec­tion
- 30 suicides par an (1500 depuis l’ou­ver­ture, raison pour laquelle on y trouve de nombreux télé­phones direc­te­ment reliés à des conseillers spécia­lisé)
- 3 jours de ferme­ture (en raison du mauvais temps)
- plus de 2’000’000’000 (2 milliards) de véhi­cules l’ont traversé

Pratique
Y aller : d’abord aller à San Fran­cis­co… Quand vous y êtes, depuis le centre-ville, prenez la ligne 38 sur Geary Boule­vard en direc­tion du Presi­dio, puis la ligne 28 en direc­tion du nord pour vous rendre au Golden Gate Bridge. Vous pouvez égale­ment vous rendre au pont en prenant les lignes 10, 70 et 80 de la compa­gnie Golden Gate Tran­sit depuis San Fran­cisco.
Les piétons, et les cyclistes, peuvent circu­ler sur les trot­toirs du pont la jour­née. En revanche, les rollers, les skate­boards et les patins à roulettes ne sont pas auto­ri­sés. Des points de vue et des parkings se trouvent aux deux extré­mi­tés du pont.

Nos parcours urbi­run à San Fran­cisco :
Golden Gate 14.6km (*ou 8.6km) – et si veux savoir ce que ça fait de traver­ser ce pont en courant, c’est ici
High­lights 11.9km (*ou 8.6km, ou 13.9km) – et tu en trouves le making-of ici

 

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Sources photos : http ://www.laboi­te­verte.fr/la-construc­tion-du-golden-gate-bridge/ 
Sources :
https ://fr.wiki­pe­dia.org/wiki/Pont_du_Golden_Gate
http ://fren­ch­dis­trict.com/cali­for­nie-nord/articles/golden-gate-bridge-pont-monu­ment/ http ://fr.sftra­vel.com/le-golden-gate-bridge

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