Running (français) / 15/08/2019
Running / 15/08/2019
Running flasque
Il est des jours où l’on s’habille machinalement, après le travail. Sans envie, sans énergie.
On met un short et des baskets, sans vraiment y penser, parce que si on y pense, on ne le fait pas. On noue ses lacets sans même un soupir. Sans envie, sans énergie.
On ne se force pas vraiment, parce que pour se forcer, il faudrait y penser.
On y va, tout simplement. Sans envie, sans énergie.
Comme un réflexe.
Les premiers pas sont lourds, contraints, contris. Les jambes sont molles. La tête est flasque. Le regard est vide. Le cœur est gris. Sans envie, sans énergie.
Et on avance sans but, on court, sans trop savoir pourquoi, sans vraiment se rendre compte qu’on est parti. Comme absent. Comme à regret. Mais sans regret. Indifférent. Sans envie, sans énergie.
Pas après pas, on frappe le sol. Et la terre nous renvoie les coups qu’on lui donne. On ne le sait pas, on ne le sent pas, mais elle ne se laisse pas faire.
Elle rend coup pour coup.
Pas par pas. Et elle rend plus fort. Elle renvoie avec plus d’énergie.
Et imperceptiblement elle nous rend plus fort.
Pas par pas.
Coup pour coup.
Kilomètre après kilomètre.
Elle rentre en nous. Nous remet en place. Comme un tuteur. Elle nous redresse. Elle nous allège.
Les jambes sont moins molles. La tête moins flasque. Le regard moins vide. Le cœur moins gris.
On s’étonne de ne pas avoir remarqué le vent plus tôt. On ferme les yeux pour apprécier le soleil sur la peau. On redresse la tête.
On ne soupire plus. On souffle. On respire.
On court.
On vit.
Avec envie, avec énergie.
Magie.
On sourit.
Pourquoi ce lézard court comme un fou droit devant nous, droit dans l’axe, dans le rythme, au lieu de s’écarter du chemin ?…
Parce que lui aussi, il sait.
Que sa place est ici et maintenant.
Sur la route…