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Running flasque

Il est des jours où l’on s’ha­bille machi­na­le­ment, après le travail. Sans envie, sans éner­gie. 

On met un short et des baskets, sans vrai­ment y penser, parce que si on y pense, on ne le fait pas. On noue ses lacets sans même un soupir. Sans envie, sans éner­gie.

On ne se force pas vrai­ment, parce que pour se forcer, il faudrait y penser. 

On y va, tout simple­ment. Sans envie, sans éner­gie. 

Comme un réflexe. 

Les premiers pas sont lourds, contraints, contris. Les jambes sont molles. La tête est flasque. Le regard est vide. Le cœur est gris. Sans envie, sans éner­gie. 

Et on avance sans but, on court, sans trop savoir pourquoi, sans vrai­ment se rendre compte qu’on est parti. Comme absent. Comme à regret. Mais sans regret. Indif­fé­rent. Sans envie, sans éner­gie.

Pas après pas, on frappe le sol. Et la terre nous renvoie les coups qu’on lui donne. On ne le sait pas, on ne le sent pas, mais elle ne se laisse pas faire. 

Elle rend coup pour coup. 

Pas par pas. Et elle rend plus fort. Elle renvoie avec plus d’éner­gie. 

Et imper­cep­ti­ble­ment elle nous rend plus fort. 

Pas par pas. 

Coup pour coup. 

Kilo­mètre après kilo­mètre. 

Elle rentre en nous. Nous remet en place. Comme un tuteur. Elle nous redresse. Elle nous allège. 

Les jambes sont moins molles. La tête moins flasque. Le regard moins vide. Le cœur moins gris. 

On s’étonne de ne pas avoir remarqué le vent plus tôt. On ferme les yeux pour appré­cier le soleil sur la peau. On redresse la tête. 

On ne soupire plus. On souffle. On respire.

On court. 

On vit. 

Avec envie, avec éner­gie. 

Magie. 

On sourit. 

Pourquoi ce lézard court comme un fou droit devant nous, droit dans l’axe, dans le rythme, au lieu de s’écar­ter du chemin ?… 

Parce que lui aussi, il sait. 

Que sa place est ici et main­te­nant.

Sur la route…

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